Percevoir le royaume des cieux

Vue 23,607

L’être humain appréhende le monde par ses cinq sens. Les stimuli reçus par la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher sont convertis en signaux électriques et transmis au cerveau. Celui-ci les intègre et les interprète pour former la perception. À force de répéter ce processus de sensation et de perception, les données accumulées deviennent la base qui servira à analyser les expériences sensorielles futures. Ainsi, toute prise de conscience commence par la sensation.

Cependant, nos capacités sont naturellement limitées : la vue ne peut capter que les ondes lumineuses comprises entre 400 et 700 nanomètres, rendant invisibles à l’œil nu les rayons X, les ultraviolets, les infrarouges et les ondes radio. De même, l’ouïe se limite aux fréquences situées entre 20 et 20 000 hertz, ce qui exclut les sons extrêmement graves ou aigus. Pour dépasser ces restrictions, les scientifiques ont cherché à élargir l’horizon de l’expérience humaine. Du télescope au microscope, du spectromètre au sismomètre, du magnétomètre au spectroscope, jusqu’aux accélérateurs et détecteurs de particules, le développement de ces instruments a considérablement élargi notre aptitude à observer et à comprendre. Il nous permet d’explorer des domaines jadis inaccessibles : l’univers invisible des virus, l’écologie complexe des organismes unicellulaires, les phénomènes naturels, les maladies humaines ou encore le vaste mouvement des corps célestes. Mais en même temps, ces avancées nous rappellent que nos sens – et notre compréhension – ont des limites bien réelles.

Qu’en est-il alors du royaume des cieux ? Parce qu’il échappe entièrement à nos moyens naturels d’investigation, il est, par essence, difficile d’en reconnaître l’existence. C’est pourquoi Dieu lui-même s’est rendu perceptible. À ceux qui ont des yeux mais ne voient point, qui ont des oreilles mais n’entendent point, il révéla les mystères du royaume divin à travers des paraboles : un trésor caché dans un champ, une perle de grand prix, un grain de sénevé, des poissons pris dans un filet, la porte étroite, ou encore un roi qui prépara des noces. Par des images et des situations familières, il a rendu intelligible la réalité céleste, un lieu exempt de douleur et de mort, afin que chacun puisse en mesurer la valeur.

C’est véritablement par la grâce et la bénédiction que nous pouvons, pas à pas, discerner le royaume éternel, la patrie de nos âmes, chose que nous n’aurions jamais pu concevoir par nous-mêmes si Dieu ne nous l’avait pas révélé. Rendons-lui grâce, lui qui est venu sous une forme humble comme la nôtre, afin que nous puissions saisir ce monde qui échappe à toute perception terrestre. Pour ceux qui avancent avec une foi inébranlable et une espérance constante, le ciel n’est plus une abstraction, mais une réalité palpable.